Vous êtes à une réunion de famille, vous vivez paisiblement votre vie en attendant le début des festivités quand cette tante que vous n'avez pas vue depuis l'âge de huit ans s'approche de vous toute souriante et vous prend dans ses bras. Une fois les salutations effectuées et alors que vous êtes encore en train d'essayer de vous remémorer de qui il s'agit, elle enchaîne avec une question incroyable : « Tu accouches quand ? »
Prise de court, vous répondez avec un sourire jaune et vous essayez de changer de sujet, mais elle revient à la charge en vous rappelant qu'à votre âge elle était déjà mariée et mère de cinq enfants, et que vous devriez vous dépêcher parce qu'elle veut déjà porter vos enfants… Vraiment ?
Des questions comme celles-ci, les femmes y sont confrontées chaque jour et sont qualifiées d'hystériques si elles montrent la moindre résistance à répondre. Abordons aujourd'hui quelques-unes de ces questions intrusives et pourquoi il est temps que vous arrêtiez de les poser aux femmes (et pas qu'à elles).

Image par Kristijan Puljek de Pixabay
1. « Tu accouches quand ? »
C'est la question préférée des tantes et des anciennes voisines. Elles ignorent tout de vous, mais sont persuadées que votre vie reproductive les concerne. Beaucoup répondraient que c'est de la bienveillance, mais non. Ces questions sont généralement suivies de comparaisons avec telle amie ou cousine du même âge qui aurait déjà plusieurs enfants, et nous, on serait là à traîner, on ne sait pourquoi. Mieux encore, même celles qui ont déjà des enfants n'échappent pas à cette « bienveillance cynique » où, avec des explications les plus tordues les unes que les autres, on vous explique pourquoi il faut déjà un petit frère ou une petite sœur à votre premier.
Pourquoi cette question est intrusive ? Vous ne savez pas ce que les gens traversent...
- Cette femme de 37 ans souffre de SOPK qui rendent la conception chez elle un peu plus compliquée que chez la moyenne. Elle dépense des sommes folles chez les médecins afin d'avoir un jour la chance d'être appelée maman, mais tous ces défis, elle ne va pas faire une pancarte pour que vous sachiez « pourquoi elle n'a pas encore accouché ». En questionnant publiquement sa fertilité, vous augmentez son stress, son anxiété et sa charge mentale, et que ce soit volontaire ou pas, c'est de la violence psychologique.
- Ce couple peine à joindre les deux bouts avec leurs deux enfants et ont décidé d'un commun accord de s'arrêter, car l'éducation d'un enfant ça coûte cher et la qualité vaut bien mieux que la quantité.
- Nous ne vivons plus à votre époque. Le contexte a changé, les réalités financières et même sociales ne sont plus les mêmes. La maternité tardive ou le refus de la maternité est un choix libre et ne concerne que la personne, car elle a ses raisons. [...]
La réalité est que la vie reproductive des gens ne vous concerne en rien, encore moins en public, et il est temps d'arrêter d'agresser ceux-ci avec cette question. Et à celles qui seraient tentées de répondre à cette injonction en faisant un enfant sur un coup de tête, sachez que les couches ça ne pousse pas sur les arbres et que ces mêmes gens qui vous mettent la pression seront au premier rang pour rire du fait que vous avez du mal à nourrir ou vêtir votre rejeton, ou pour vous coller l'étiquette très moqueuse de « mère célibataire ». C'est bien pour cela que je qualifie cette attitude de bienveillance cynique. La décision de procréer reste personnelle et surtout, elle devrait être réfléchie afin d'assurer à sa progéniture un cadre familial approprié pour son épanouissement.
2. « Tu te maries quand ?»
À toutes les personnes qui posent cette question aux autres, et précisément aux femmes âgées de 21 ans et plus, j'ai une réponse pour vous : « Nous-mêmes on ne sait pas ». Oui, comme vous, on ne sait pas...
Actuellement, nous sommes occupées à grandir, à nous découvrir, à nous éduquer, à essayer d'être financièrement capables d'assumer un mariage. On recherche la personne idéale, car on a compris que le mariage n'est pas une randonnée à laquelle l'on monte puis on descend. On a compris que les aspirations personnelles de chacun diffèrent et que chacun a son temps.
La pression du mariage a conduit plusieurs personnes dans des enfers sur terre parce qu'il fallait sortir de la maison familiale, se marier comme celles de son âge. Certaines se sont littéralement faites chasser de la maison parce qu'elles devaient rapidement se caser et surtout apporter de l'aide pour les autres grâce à leur fiancé/mari riche.
À celles qui font face à cette question chaque jour :
- Prenez votre temps...Le mariage tel qu'il est conçu n'a pas de phase de test. Il est censé être pour la vie, d'où la nécessité d'évaluer les tenants et les aboutissants.
- Prenez le temps de vous connaître vous-même, de connaître vos goûts, vos aspirations, vos rêves dans la limite du raisonnable.
- N'écoutez pas celles qui se sont précipitées dans des mariages (elles ne vous disent pas tout), elles vous disent même très peu...
- Prenez le temps de connaître l'autre. De nombreux psychopathes utilisent cette course au mariage pour repérer leur proie... ces malades mentaux qui dès le premier rendez-vous vous parlent de mariage parce qu'ils savent que bon nombre de jeunes filles craignent l'échec social que représenterait le célibat.
À 21 ans, on en sait si peu sur soi-même que presser une femme de cet âge au mariage n'est rien d'autre qu'une forme de violence. À celles qui diront « à ton âge j'étais déjà mariée », répondez-leur « c'est bien pour toi » et continuez votre chemin. Ne dit-on pas qu'il vaut mieux être seule que mal accompagnée ?
Pour conclure
Pour ceux qui seraient tentés de dire qu'il s'agit de notre culture et que, dans notre culture, la solidarité veut que les aînées soient les aînées de tous, laissez tomber : c'est tout simplement de l'agressivité passive. Si vous voulez prouver votre bienveillance, cessez d'agresser les gens avec des questions intrusives et commencez par la première étape : demandez-leur comment ils vont, prenez de leurs nouvelles avec un message ou un coup de fil de temps en temps. Lors de ces coups de fil, vous en apprendrez certainement beaucoup plus sur leurs défis, les raisons de certains aspects de leur vie.
Respectez le choix des autres. La particularité de ceux qui posent ces questions est qu'ils reviennent toujours à la charge, encore et encore. Acceptez que les autres aient une vision de la vie différente de la vôtre. Acceptez que de la même façon que pour vous, à 21 ans une femme doit être mariée peu importe le contexte, les autres pensent qu'il est important de grandir d'abord, de s'épanouir en tant que personne, en tant que femme...
Et vous, avez-vous d'autres questions comme ça que vous pensez que les gens devraient arrêter de poser ? Dites-nous tout en commentaire et à bientôt !