Le 13 septembre 2024 marquait la date officielle de la sortie de l’iphone 16, plus récent clone avec deux ou trois fonctionnalités en plus de la marque Apple (mais ça, c'est un autre sujet). S’il est vrai que ce gadget n’est pas du tout à portée de bourse du Camerounais moyen, sa sortie a lancé une tendance étrange sur les réseaux sociaux camerounais.
Des textes aux images en passant par les vidéos, le message restait le même : les femmes vont échanger leur corps et accepter toutes sortes de pratiques sexuelles dans le but de se procurer le nouvel iPhone 16. S’il est réel que les hommes étaient les principaux porteurs de ce message, certaines femmes sont tombées dans cet amalgame de parodies qui n’avait pourtant pour seul but que de dégrader leurs images et leurs personnes.
On peut donc se demander pourquoi la valeur d’une femme peut se résumer à un simple gadget électronique dans notre société ? Quels sont les biais psychologiques qui perpétuent ce genre de stéréotypes à l’égard des femmes et quelles solutions peuvent être adoptées pour bannir l’image de la femme-objet et léguer à la nouvelle génération une meilleure image pour les femmes et les filles ?
BIAIS PSYCHOLOGIQUES SUR LA VALEUR DE LA FEMME
Qu'est-ce qu'un biais psychologique ?
Un biais psychologique désigne un schéma de pensée qui influence notre perception de la réalité, nos jugements et nos décisions. Les biais psychologiques sont souvent inconscients et peuvent fausser nos interactions avec les autres.
Plusieurs biais psychologiques sont associés à la perception des femmes face à l'iPhone 16 ; parmi eux, on peut citer :
1. Le biais de généralisation hâtive
Dans ce type de biais, les individus ont tendance à généraliser une situation observée chez une partie d’une population à l'ensemble de cette population. Alors qu'on soit bien d'accord, existe-t-il des femmes qui échangent leur corps et leur dignité contre un gadget électronique au Cameroun ? oui ! Existe-t-il également des femmes qui possèdent un iPhone le plus récent (puisqu'il s'agit de lui) et qui n’ont pas échangé leur corps ou leur dignité ? Évidemment que oui !
Dans un contexte de pauvreté et de favoritisme, deux causes majeures de ce biais peuvent être identifiées : la recrudescence de la fille au chômage, mais qui vit une vie d’opulence... Je m’explique : vous êtes un homme, vous avez une amie/connaissance au chômage comme vous, sans source de revenu, dont les parents sont de conditions modestes ; mais elle possède le dernier iPhone. Sauf si elle a gagné à la loterie nationale, ce téléphone est forcément le cadeau d’un ou plusieurs de ses « chauds »... Pas forcément ! Mais c’est peut-être le cas... comme vous êtes témoin de ce cas, toutes les femmes que vous verrez avec ce téléphone auront forcément procédé de la même façon pour l'avoir d'après vous.
C’est pourquoi ces parents de jeunes filles qui n'intéressent pas l’origine des gadgets et vêtements hors de prix de leurs enfants font du mal à toute la gent féminine, car même celles qui possèdent le gadget travail ou comme cadeau d’un proche vont souffrir du même biais.
La deuxième cause de ce biais peut être attribuée aux médias et précisément aux réseaux sociaux...ceux-ci donnent une plateforme à ces femmes opulentes aux revenues douteux et qui se retrouve très souvent dans les histoires pas très claires [...] renforçant ainsi le stéréotype.
2. Le biais de stéréotype
Dans ce type de biais, on va attribuer des caractéristiques négatives à un groupe social en se basant sur des généralisations simplistes. La généralisation simpliste ici étant que seules les femmes échangent des faveurs sexuelles pour des biens matériels, ce qui est bien évidemment faux. Parmi ce déferlement de publications, très peu, pour ne pas dire aucune, n’a mis en avant le fait que beaucoup d’hommes allaient également échanger bien de choses pour acquérir le précieux gadget. Pourtant, dans plusieurs grandes et même petites villes du Cameroun, beaucoup de jeunes hommes se font entretenir par des femmes (ou pas) plus âgées. Leurs images restent cependant saines et sauves face à ce cliché dégradant.
La conséquence principale du biais de stéréotype en plus de nuire à l'image que les jeunes filles ont d’elles est la banalisation des violences faites aux femmes ; Au lieu d’accuser le bourreau de la jeune fille, on va estime qu'elle l’a bien cherché de toute façon elle se retrouve dans cette situation parce qu'on lui avait promis de l'argent ou autre chose pourtant rien encore moins des cadeaux ou de l’argent ne justifie de piétiner le consentement d’une personne…
3. Le biais d’attribution fondamental
Une explication simple de ce biais est que la société va attribuer la réussite des femmes qui peuvent se procurer un iPhone 16 à des facteurs externes (échange de faveurs) plutôt qu'à leurs propres efforts ce qui est extrêmement dégradant pour les milliers de femmes qui chaque jour dans les marchés, dans les bureaux dans les champs dans les rues du Cameroun travaillent pour l'amélioration de leurs conditions et pour sortir de leur pauvreté. De nombreuses femmes économisent pendant des années, centimes après centimes, dans l’unique but de se faire plaisir en acquérant bijoux, vêtements, gadgets, etc. et leur effort ne devrait en aucun cas être minimisé [...]
QUELLES SOLUTIONS FACE À CES BIAIS QUI DÉGRADENT L’IMAGE DES FEMMES ?
L’éducation
Elle reste la voix par excellence pour assurer l'amélioration de la condition féminine.
Les parents de jeunes filles doivent prendre les devants sur l'éducation de leurs enfants en exigeant de connaître l’origine de leurs possessions matérielles plutôt que de pointer les influenceurs de « vendre le rêve » et de détourner leurs enfants. Vous ne pouvez pas vivre avec un enfant qui ramène sous votre toit des biens dont la valeur dépasse largement votre budget mensuel/annuel et vous n’interrogez pas un tant soit peu l’origine.
Pour contrer le biais de généralisation hâtive les médias devraient donner plus de visibilité à des femmes qui ont une occupation identifiable et vivent une vie opulente question de faire passer un message clair et simple au plus jeune si on veut le dernier iPhone, voyager à travers le monde ? on travaille dur pour l’avoir. On ne cherche pas de raccourcis sinon notre valeur est réduite à un gadget électronique. Vous en connaissez de telles femmes ? mentionnez-les en commentaires.
Les garçons d’aujourd'hui sont les hommes de demain et les parents, les éducateurs et les médias doivent leur inculquer une nouvelle vision de la femme. Une vision ou la valeur d’une personne, mais surtout d’une femme (puisque c’est le sujet) ne saurait être réduite à un objet, aussi onéreux soit-il. Les femmes sont diverses dans leurs façons de penser, dans leurs désirs, leurs besoins, leurs accomplissements et les objectiver est une forme de violence.
Bien sûr il s’agit là d'une liste non exhaustive des solutions possibles. Proposez les vôtres en commentaires et à bientôt dans un prochain article.